4 Jul 2015
Libérer le travail, espoirs et contraintes
Débat 5
Le patronat, dans de nombreux pays, demande la flexibilisation du marché du travail: réduction des coûts de licenciement, adaptation rapide de l’emploi et de la durée du travail aux carnets de commande de l’entreprise, ajustement des salaires à la productivité, à la profitabilité…
Il faut comprendre que si elle est mise en place seule, la flexibilisation générerait des coûts économiques majeurs : hausse du chômage, perte de capital humain avec multiplication des passages au chômage, recul des salaires, déformation excessive du partage des revenus en faveur des entreprises.
C’est pour cela qu’il ne faut pas scinder en deux la « flexsécurité » : à la flexibilité doit être associée la sécurité, c’est-à-dire la possibilité pour les salariés qui perdent leur emploi d’en retrouver un autre rapidement. Dans un pays comme la France où les enquêtes montrent de très faibles compétences de la population active, ceci passe nécessairement par la formation ; or on connaît la situation désastreuse du système français de formation professionnelle.
La formation est aussi un des moyens pour sortir du piège « anti-schumpétérien ». Dans beaucoup de pays (France, Italie, Royaume-Uni, Etats-Unis, mais pas en Allemagne), la structure des emplois évolue dans une direction défavorable. Au lieu d’avoir une dynamique « schumpétérienne » où les salariés passent à des emplois plus sophistiqués, demandant des qualifications plus fortes, on a au contraire une dynamique « antischumpétérienne » où les emplois sophistiqués détruits (dans l’industrie par exemple) sont remplacés par des emplois en moyenne moins sophistiqués (services à la personne, distribution, loisirs…).
Cette déqualification due à la déformation de la structure des emplois est évidemment
une source d’insatisfaction, de pessimisme, et aussi de croissance faible.
Contributions
François Rebsamen – Agir pour l’emploi
Patrick Artus – Quelles conditions pour le fonctionnement du marché du travail ne conduise pas à une situation insupportables pour les salariés ?