Les technologies de demain sont déjà là
Retour vers le Futur
La révolution technologique est en marche, l’innovation viendra très bientôt changer – à nouveau – la face du monde. Cependant, ce bouleversement s’accompagne d’une incertitude majeure quant à l’avenir, et cela pèse très lourdement sur l’investissement et le capital humain.
Rompre le quotidien. Ces innovations de rupture sont pour la plupart déjà en recherche. Jean-Pierre Clamadieu, chef exécutif de Solvay, témoigne de ces initiatives dans le domaine de la chimie : « La technologie de rupture, c’est trouver une réponse techniquement viable à des problèmes qui n’existent pas encore ». Cela passe essentiellement par une politique de R&D importante et des recherches en innovation de la part des entreprises. Dans le domaine chimique, les priorités sont essentiellement la lutte contre le changement climatique, une meilleure utilisation de l’énergie et la gestion de la raréfaction des matières premières. Les innovations de rupture, parfois des changements qui paraissent insignifiants, sont à même de changer le monde moderne et certaines sont déjà commercialisées : impression 3D, stockage d’énergie et réutilisation des produits en fin de vie sont des domaines nouveaux dont on commence à peine à entrevoir les possibilités. « Les ruptures sont à portée de main et peuvent avoir un impact énorme sur l’industrie manufacturière », explique Jean-Pierre Clamadieu.
L’apport d’internet. « La révolution numérique connaît le plus d’innovations apportant des changements profonds dans la vie des gens », annonce Stéphane Richard, directeur d’Orange. Les domaines les plus investis par l’entreprise sont la connectivité et l’internet des objets. Il s’agit de deux technologie de rupture puisqu’elles transforment totalement le quotidien : d’ici à 2020, plus de 50 milliards d’objets seront connectés sur les réseaux. « Ce sont des innovations frugales, c’est-à-dire des choses relativement simples qui introduisent un vrai changement », explique le directeur.
« You like investment, I like profit ». Les innovations de rupture portent les espoirs pour l’avenir, la promesse d’un monde plus fonctionnel, à défaut d’être meilleur. Cependant, il y a une véritable bataille pour la valeur créée par ces initiatives : derrière l’innovation, il y a des stratégies d’entreprises. « Nous ne sommes pas naïfs, la question de l’accès et de la tarification s’impose », explique Stéphane Richard. Les entreprises s’arrachent les compétences des codeurs et autres professionnels capable d’extraire une valeur monétaire des systèmes numériques.
Intelligence (presque) artificielle. Si la plupart des professionnels ne prétendent pas prévoir l’avenir technologique, certains s’y essaient, comme le chef économiste de Google, Hal Varian. Selon lui, les innovations permettent de remplacer les privilèges par le numérique : « Si l’on veut prévoir le futur, il faut étudier les privilèges des gens riches et les adapter à la technologie. Les robots, machines à laver, aspirateurs, ont remplacé les servants, l’assistant s’est numérisé, les téléphones et télévisions sont désormais accessibles à tous ». Avec Google Now, le numérique ne répond plus seulement aux questions : il donne des conseils, anticipe sur les besoins personnels. Selon lui, l’Europe regorge de talents permettant l’innovation, tout spécialement en technologie, mais elle connaît malheureusement des difficultés à les exploiter et à créer de la croissance. « Tout le monde veut moins de travail mais plus d’emplois. La nature du travail est en train de changer, ces innovations ne détruisent pas les services mais les transforment : le challenge est de gérer cette transition ».
We are the world. Tous les professionnels s’entendent cependant sur la nécessité de l’innovation, et plus encore un renforcement de l’open-innovation. Il s’agit de développer les initiatives grâce à des réseaux transcendant les frontières et les nationalités, des influences multiples venant de l’extérieur grâce à internet notamment. « Les réseaux d’innovation doivent traverser les frontières, l’innovation doit concerner tout le monde » conclut Jean-Pierre Clamadieu.
Fanny Attas