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Espace Presse

Les cahiers de vacances de l’Éducation nationale en trois chapitres


Politiques publiques | Les pays

Écrit pour la session 7 – L’école, moteur de l’ascenseur social

À l’approche tant attendue des résultats du bac, ne sous-estimons pas l’illusion de la probable hausse des taux de réussite. Derrière ces résultats et malgré l’augmentation de 6,5% du budget de l’Éducation nationale, soit plus de 59 milliards d’euros en 2023, les véritables niveaux de compétences et connaissances de millions d’élèves sont devenus à tous égards préoccupants. L’obsession pour les chiffres occulte les problèmes profonds qui persistent au sein de nos salles de classe. Derrière cette façade de réussite apparente, nous devons faire face à une réalité troublante. L’école, supposée être le terreau fertile de l’épanouissement intellectuel et personnel, est devenue un simple parcours administratif pour de nombreux élèves. L’égalitarisme et le nivellement par le bas ont supplanté l’idéal d’égalité, tandis que les phénomènes croissants de harcèlement témoignent de l’absence de fraternité. Un tel décalage est lourd de conséquences : une perte de confiance envers l’institution et une perte de sens pour les élèves et leurs professeurs. Face à cette réalité préoccupante, les sempiternelles annonces de « Grand Soir » ne font plus rêver personne. Je propose ici trois mesures qui pourraient fortement faire bouger les choses.

La première d’entre elles est évoquée depuis de nombreuses années : offrir une plus grande flexibilité aux établissements scolaires et accorder davantage d’autonomie aux chefs d’établissement en contrepartie,-et cela est majeur-d’une évaluation de leur travail. Le modèle britannique des « free schools », ces écoles où la direction dispose d’une liberté totale dans la gestion de leur établissement, mérite que l’on s’en inspire, le tout dans un cadre bien défini par l’Éducation nationale. Nos chefs

d’établissement doivent avoir la liberté de recruter les enseignants et de développer des projets pédagogiques adaptés aux spécificités de leur établissement et de leurs élèves, qu’ils se trouvent en centre-ville, en zone rurale ou dans un quartier difficile. Plus d’autonomie pour les directeurs, mais aussi plus de liens avec les acteurs locaux. En complément du dispositif Réseau d’Éducation Prioritaire (REP) et de sa version renforcée, des initiatives multi partenariales permettant d’offrir des modalités de scolarisation et d’accompagnement personnalisées doivent être fortement encouragées. J’ai pu observer, à Meaux, l’exemple du Dispositif de Poursuite de Scolarisation, conjointement mené par différents acteurs locaux, qui a été salvateur pour de nombreux collégiens sur le point de décrocher.

Une deuxième mesure complémentaire doit s’ajouter tout naturellement à celle de l’autonomie : redorer le blason de nos enseignants. Autrefois admirés, les « hussards noirs de la République » font aujourd’hui grise mine. Les gouvernements successifs ont trop longtemps ignoré leur détresse. Un manque de reconnaissance et de légitimité, des conditions de travail de plus en plus précaires, avec la suppression, à la rentrée 2023, de 2000 postes d’enseignants à l’heure du dédoublement des classes viennent perturber leur équilibre. La récente annonce présidentielle concernant la revalorisation salariale constitue une avancée positive, mais, seule, elle relève davantage du pansement sur la jambe de bois que du remède miracle. Là encore, le fonctionnement global de l’institution est à revoir pour stimuler les vocations autour d’un métier qui malheureusement ne fait plus rêver : évaluation équitable, rémunération juste, opportunités de progression de carrière et surtout le soutien de la hiérarchie face aux difficultés rencontrées au quotidien par les professeurs. Ce serait une erreur de laisser les chiffres masquer les maux qui menacent l’école républicaine.

Enfin, troisième et dernière mesure : mettre l’enfant et non pas les enfants au centre de l’Éducation nationale. Au-delà du socle d’apprentissage commun indispensable sur lequel nous ne sommes plus assez exigeants (la lecture, l’écriture, les mathématiques, l’anglais et le civisme/laïcité), il convient de réfléchir sérieusement à l’élaboration d’activités scolaires spécifiques et dirigées, visant à accompagner chaque élève, chaque potentiel, sur l’ensemble de la scolarité. Aussi utile qu’un stage de découverte de troisième, ce temps aménagé et encadré permettra aux jeunes à travers des ateliers métiers, scientifiques, littéraires ou encore artistiques et sportifs de découvrir de nouveaux horizons et de mieux connaitre leurs talents, talents que le système actuel n’arrive pas à révéler. Reconnaitre le caractère unique de chaque élève, lui donner suffisamment confiance en lui pour le convaincre qu’il est aussi important que tous les autres – pour lui, pour ses enfants demain et pour la France – est une étape essentielle pour faire revivre cette notion de fraternité qui manque cruellement aujourd’hui à l’intérieur de l’École comme à l’extérieur des enceintes scolaires.

Trois mesures qui permettront de donner un nouveau souffle à notre école Républicaine, trois mesures qui permettront non seulement aux élèves, mais aussi à l’institution de grandir. Osons, enfin !

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