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Les absents ont toujours tort


Société | Les pays

Une analyse économique de l’abstention et de ses remèdes

Contribution pour la session 11 – Les nouvelles voies de la démocratie

Les élections sont le moment clé de la démocratie où les électeurs peuvent demander des comptes aux élus qui terminent leur mandat, choisir qui les représentera pour les prochaines années et donner à ces élus la légitimité d’agir. Pourtant, depuis plusieurs décennies, nous assistons à une augmentation de l’abstention électorale dans la plupart des pays démocratiques. En France, ce phénomène touche désormais aussi l’élection présidentielle qui avait longtemps été épargnée. Cette tendance est d’autant plus inquiétante que, si rien ne l’arrêtait, une norme abstentionniste pourrait s’installer et être transmise aux nouvelles générations, renforçant l’abstention.

Un phénomène concomitant de l’augmentation de l’abstention moyenne est le creusement des inégalités de participation : en France comme ailleurs, lorsque la participation électorale baisse, elle baisse davantage au sein des groupes à la marge entre le vote et l’abstention, en particulier les classes populaires. Or, ceux qui ne votent pas ne peuvent faire entendre leur voix, et les élus n’ont aucune incitation à tenir compte de leurs intérêts, ce qui peut réduire la représentativité des politiques publiques qu’ils mettent en oeuvre. Les inégalités de participation risquent elles aussi de s’aggraver si les groupes peu participatifs, et donc négligés par les politiques publiques, répondent en s’éloignant encore davantage des bureaux de vote.

Il est urgent d’identifier les facteurs responsables de l’abstention et les remèdes à ce mal. Les nombreux travaux consacrés à la question indiquent que les déterminants de l’abstention sont pluriels, rendant toute solution complexe. Face à l’importance de l’enjeu, la réponse ne pourra venir que de la coordination d’activités mobilisatrices menées par un faisceau d’acteurs, que les politiques publiques ne peuvent dans certains cas encourager qu’indirectement. Toutefois, l’exemple américain montre que la hausse de l’abstention n’est pas inéluctable : cette tendance s’est arrêtée au début des années 2000, et la dernière élection présidentielle américaine a été caractérisée par un niveau de participation historiquement haut.

Ce Focus propose plusieurs remèdes qui pourraient contribuer à augmenter le niveau de participation et, ce faisant, à en réduire les inégalités : rendre l’inscription sur les listes électorales automatique pour tous, simplifier le calendrier électoral en regroupant certaines élections (notamment les élections présidentielles et législatives), intensifier les campagnes de terrain et réformer les politiques d’éducation civique. Nous n’avons ici ni l’ambition d’avancer des propositions inédites, ni la prétention d’apporter une solution immédiate au problème de l’abstention. Notre objectif est simplement d’identifier les remèdes les plus prometteurs et les plus réalistes.

Dans la suite de ce Focus, nous présentons d’abord des constats chiffrés et des faits stylisés afin de caractériser le phénomène du déclin de la participation. Puis, nous nous appuyons sur un modèle théorique simple afin d’organiser les explications proposées par la littérature académique. Nous présentons ensuite des résultats originaux sur les raisons déclarées de l’abstention issus de l’analyse des données de la consultation de l’Assemblée nationale d’octobre 2021 sur la participation électorale. Enfin, nous discutons des remèdes possibles à la baisse tendancielle de la participation et à l’augmentation de ses inégalités.


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Cette note du CAE a été rédigée par Jean Beuve, Étienne Fize et Vincent Pons

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