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Espace Presse

Le nouveau rapport entre travail et bien-être 


Travail | Les individus

Depuis la pandémie, personne ne peut nier que le rapport entre travail et bien-être à évoluer. Mais ces évolutions sont-elles toutes réellement positives ?

Écrit pour la session 5 – Le nouveau rapport entre travail et bien-être 

Une société doit s’organiser pour permettre à ses membres d’atteindre un niveau de bien-être aussi élevé que possible. Le travail constitue une sphère d’application majeure de cette ambition dans la mesure où il absorbe près de la moitié du temps éveillé des actifs. Pour les entreprises, le bien-être au travail est considéré un but en soi mais aussi comme un moyen d’accroître la productivité des travailleurs, leur créativité, leur comportement prosocial et, in fine, de les retenir. Depuis les années 1980, les revenus des travailleurs ont augmenté, les heures de travail ont diminué, tandis que l’insécurité de l’emploi ne présente aucune tendance claire. La qualité de l’emploi a ainsi augmenté. Toutefois, le bien-être au travail (mesurée par la question « Dans l’ensemble, quel est votre degré de satisfaction à l’égard de votre emploi ? ») n’a cessé de diminuer dans les pays de l’OCDE. Les français se déclarent plus insatisfaits que les autres travailleurs européens aussi bien dans le domaine du travail (-6 sur une échelle de 100 degrés) que dans le bien-être général (-5 points). Les économistes ont tenté d’apporter des explications à ce “paradoxe ». Certains soulignent le rôle combiné de facteurs pécuniaires et non pécuniaires. Par exemple, le recours accru à la rémunération au rendement ou à des régimes qui reposent sur l’évaluation d’un superviseur ont entraîné une intensification du travail, une augmentation de la pression des pairs et un accroissement du stress et du risque de gain, ce qui a une incidence négative sur la satisfaction au travail. D’autres se concentrent sur des facteurs non pécuniaires tels que les perspectives d’avenir (promotion et sécurité de l’emploi), la difficulté, le stress ou le danger du travail, le contenu du travail (intérêt, prestige et indépendance) ou les relations interpersonnelles.

Le poids incontesté des conditions de travail dans la satisfaction au travail

Les études issues de l’enquête française REPONSE et de l’Enquête Européenne sur les Conditions de Travail confirment que l’autonomie, le climat social et les perspectives de progression jouent un rôle primordial dans la satisfaction au travail. La taille des entreprises (les plus petites sont plus propices au bien-être) et le style plus ou moins autoritaire du management sont aussi des déterminants importants. Le fait de se sentir très motivé par son organisation, se sentir reconnu ou de jouir des bonnes perspectives de progression et d’une forte autonomie produit le même effet sur la satisfaction au travail que le ferai un doublement du salaire moyen. À l’inverse, le risque de santé exerce un effet équivalent à une réduction de 60% du salaire moyen. Une organisation trop verticale et trop autoritaire nuit la formation du capital social (relation de confiance entre collaborateurs) et donc la satisfaction au travail. Les risques psychosociaux relevant des injonctions contradictoires sont aussi une des sources d’insatisfaction. Quant à la « satisfaction dans la vie », c’est la conciliation travail-famille le facteur le plus influent.

Le télétravail, une évolution à double tranchant ?

La diffusion des nouvelles technologies a changé la relation entre les conditions de travail et le bien-être au travail. Cet impact du changement technologique est devenu d’autant plus flagrant suite à la généralisation du télétravail comme conséquence de la pandémie. Le télétravail est associé à certaines pratiques d’organisation du travail, qui elles-mêmes, peuvent influencer le bien-être au travail ainsi que la santé physique et mentale du travailleur. Le télétravail permet un accroissement de l’autonomie des travailleurs, leur responsabilisation et une meilleure conciliation entre vie personnelle et professionnelle. Mais le télétravail réduit la socialisation, le soutien des collègues et de la hiérarchie, les perspectives de progression et augmente les problèmes d’usage des outils numériques. Ainsi, si la réduction des contraintes du trajet domicile-travail et la plus grande liberté pour disposer de son temps semblent augmenter le niveau de satisfaction avec leur vie des travailleurs, la santé mentale des télétravailleurs semble se dégrader. Les effets à long terme du télétravail (isolement, sédentarisme, manque de support et reconnaissance, réduction des perspectives de progression) restent incertains.

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