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La négociation collective, la clé pour sortir du conflit salaires-profits


Travail | Les pays

Écrit pour la controverse 7 – Salaires contre profits, un conflit inévitable ?

La question de la répartition salaires-profits est probablement aussi vieille que le monde. Mais nous pouvons aujourd’hui nous prévaloir d’instruments qui permettent d’éviter de nourrir des conflits insurmontables.

Il est déjà loin le temps de la révolution industrielle ou les ouvriers et leur famille ne parvenaient pas à vivre de leur travail, dénués de moyens de subsistance décents et de la protection sociale la plus élémentaire malgré des journées de travail insupportablement longues dans des conditions le plus souvent pénibles et malsaines. Cette réalité de la condition ouvrière dans les années 1850 est parfaitement décrite par Georges Vidalenc (premier directeur Centre d’éducation ouvrière de la confédération FO) dans les « aspects du mouvement syndical français » :

Mais la question de la répartition des richesses reste d’actualité. Se pose t’elle de manière différente en 2023 ? A l’évidence non. Lorsque surgit dans l’actualité l’accumulation de surprofits par certaines grandes entreprises, c’est que la redistribution est en panne et que les conflits de répartition demeurent. En témoignent également les mouvements de grève qui se sont multipliés localement ces derniers mois sur la question des salaires dans un contexte d’inflation que nous n’avions plus connu depuis des décennies.

Si de manière agrégée, le partage de la valeur ajoutée parait stable, cette photographie masque des inégalités fortes de rémunération selon la taille des entreprises, entre les femmes et les hommes, une forte proportion de bas salaires et les phénomènes de trappes à bas salaires.

Le monde du travail reste ainsi très marqué par une précarité salariale persistante. L’INSEE rappelait récemment qu’en 2019, 8 % des salariés du secteur privé perçoivent un bas salaire, c’est-à-dire moins de 1 310 euros nets mensuels pour un temps plein, seuil qui correspond aux deux tiers du salaire médian. Les femmes et les jeunes sont davantage concernés par cette situation. Dans certains métiers, les bas salaires sont particulièrement fréquents : plus de 40 % des employés de maison, ou encore ouvriers peu qualifiés perçoivent un bas salaire. Surtout, parmi les bas salaires, un quart perçoivent encore un bas salaire quelques années plus tard et seule une petite majorité d’entre eux occupe un emploi salarié mieux rémunéré.

Si les conflits de répartition demeurent, il existe des moyens d’en sortir. Grâce à la négociation collective portée les organisations syndicales. L’autre conquête sociale de 1936, ce sont les conventions collectives généralisées qui marquent la reconnaissance de l’organisation ouvrière, la fin de l’isolement des travailleurs, la garantie d’un salaire décent pour tous même les moins favorisés.

Pour en sortir il y’a donc la négociation collective. Avec pour point d’appui le code du travail qui garantit à travers le SMIC et ses mécanismes de revalorisation une rémunération minimale à chaque travailleur.

La DARES indiquait récemment que seulement 17% des entreprises de 10 salariés et plus avaient ouvert une négociation d’entreprise, couvrant 63% des salariés de ce périmètre. Il y a donc encore une marge d’amélioration. Cela éclaire également sur le rôle de la négociation de branche qui permet d’égaliser les conditions de concurrence et de couvrir la quasi totalité des salariés par des droits et garanties collectives dans les grandes entreprises comme dans les plus petites. La négociation de branche et d’entreprise joue pleinement son rôle là où elle s’exerce, menée par les organisations syndicales

Pour FO « syndicat de la feuille de paye », la question de l’augmentation des salaires reste la revendication prioritaire. Le salaire est, et doit rester, la forme essentielle de la reconnaissance du travail fourni par les salariés et des compétences mises en œuvre, et le principal levier garantissant le maintien pérenne du pouvoir d’achat des salariés.

Porteuse de cette revendication forte, FO a décidé de participer à la négociation nationale interprofessionnelle sur le partage de la valeur, avec pour ambition initiale de négocier des dispositions relatives à la politique salariale.

Le texte que nous avons signé le 10 février dernier comporte un chapitre 1 dans lequel a été inscrit noir sur blanc un principe de non-substitution entre salaires et dispositifs de partage de la valeur existants, tels que la participation, l’intéressement ou encore l’épargne salariale.

Pour les salariés qui en bénéficient c’est toujours bon à prendre. Mais cela ne concerne aujourd’hui qu’un salarié sur deux.

Cet accord peut donc améliorer les dispositifs de partage de la valeur d’ores et déjà existants et prévoir de rendre accessible la participation aux salariés des entreprises de moins de 50 salariés, de façon que cette faculté de bénéficier d’un dispositif de partage de la valeur soit commune à tous les salariés.

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