1 Jul 2016
Qu’est-ce qu’un pays dans le monde d’aujourd’hui ?
Incertitude et déchirements quant à la place de la nation caractérisent le monde actuel. En à peine plus d’une décennie les sociétés occidentales sont passées de l’utopie de la gouvernance démocratique d’un monde unifié par l’économie à celle d’une mise à l’abri des nations derrière des clôtures. Cette oscillation signale la très grande difficulté que nous avons à penser aujourd’hui le rôle économique, social et politique des nations.
Sur une carte objective, les frontières se voient à l’œil nu. Si la mondialisation et l’intégration européenne ont à l’évidence rebattu les cartes, et contrairement à ce qu’affirment nombre de responsables politiques en mal de justification, les outils de la politique économique sont loin d’avoir tous échappé aux décideurs nationaux. Première question, donc, quel est aujourd’hui le rôle économique des nations ?
Les nations demeurent le creuset des identités collectives. Celles-ci sont cependant questionnées par la revendication d’identités régionales et par la formation en leur sein de communautés qui ne s’inscrivent pas dans une logique d’assimilation. Dans le même temps se développe au sein des élites et dans la jeunesse une culture globale qui affaiblit le référentiel national. Des sociétés économiquement affaiblies, vieillissantes et moins sûres d’elles-mêmes peinent enfin à définir les visions de l’avenir que requiert le « plébiscite permanent » constitutif d’une identité dynamique. Deuxième question, donc, quelles sont aujourd’hui les coordonnées sociales de la nation ?
Mais c’est surtout la politique qui est déstabilisée par la question nationale. Les attentes à l’égard du politique débordent à l’évidence l’espace des solutions qu’il peut effectivement mettre en œuvre. Cet écart, qui est source de délégitimation du politique, est une cause centrale de la crise démocratique envers laquelle deux visions s’opposent ; l’une tient toute interdépendance comme une atteinte à la souveraineté et au rôle de la nation. L’autre ambitionne la construction d’une démocratie transnationale où coexistent différents niveaux de responsabilité et de représentation. D’où la troisième question : comment redéfinir, pragmatiquement, l’espace d’exercice de la démocratie ?
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