Se prendre en main pour créer de la richesse
Christophe de Margerie, PDG de Total, face à Pascal de Bruckner, philosophe… le débat valait le déplacement. Deux visions, deux perceptions des choses. De la peur de l’échec au clash générationnel, la réconciliation des français avec la création de richesse est loin d’être gagnée.
La peur de l’échec. Christophe De Margerie, interrogé par un étudiant, souligne qu’il existe en effet une peur de l’échec qui peut freiner le goût d’entreprendre, ce même goût d’entreprendre variable incontournable de la création de richesses. Selon lui, les entreprises françaises n’ont pas le droit à l’échec. Pascal Bruckner rebondit quelques instants plus tard en prenant l’exemple de certains états des Etats-Unis dans lesquels les faillites ne sont pas sanctionnées. Les deux intervenants se tournent alors vers l’école et l’éducation. Là où le PDG fustige le manque de pragmatisme dans ce domaine, les jeunes n’étant pas formés selon les besoins de la société, le philosophe s’étonne de l’indulgence de la notation scolaire. Les applaudissements fusent lorsque ce dernier s’attaque à « l’éloge de l’ignorance » promu dans les établissement scolaires. Il ajoute que personne ne devrait avoir honte de son bagage culturel.
Dialogue et dialogue social. « On ne peut pas parler de tout », s’exclame Christophe De Margerie, en réponse au reproche fait part une personne de l’audience concernant l’absence de débat autour du dialogue social. Le dialogue, en effet, peut réconcilier les français avec les richesses, mais sans le « mauvais vecteur » qu’incarne les syndicats. Pascal Breckner concède qu’il n’est pas qualifié pour traiter de ce sujet et enchaîne sur la cause majeure de la méfiance française vis-à-vis de la richesse.
« Papi fait de la Résistance ». Aux yeux du philosophe, cette méfiance trouve ses racines dans un clash générationnel. L’idée étant que les nouvelles générations ont le sentiment de ne pouvoir s’enrichir comme les précédentes et d’être sacrifiées. Or, dès que le capitalisme se heurte à des difficultés, ses détracteurs le qualifient de « pire force d’exploitation ». Il n’en faut pas plus selon Pascal Bruckner pour observer une résurgence des idéaux communistes. Cependant, il n’existe aucune alternative à ce système économique. « Nous devrons composer avec ce système », conclut-il, « pour le meilleur et pour le pire ».
Se prendre en main. Christophe de Margerie, de son côté, termine sa prise de parole dans une vive critique des partis politiques français qui s’inspirent du modèle allemand. Chacun d’entre eux s’approprie une partie de ce modèle, mais pas sa totalité, ce qui ne peut fonctionner. Quelle solution, alors, au divorce entre les français et la richesse ? « Se regarder soi-même », selon le PDG de Total, « et se prendre en main ».
Baptiste Salmon