« Rien n’a jamais été accompli sans enthousiasme dans ce monde » Emmanuel Kant.
La timidité initiale des étudiants lauréats a vite laissé place à une force de conviction et une foi en l’avenir sans failles. Les quatre étudiants animateurs de la session ont à leur côté le directeur du journal Le Parisien Thierry Borsa, la directrice du Boston Consulting Group Agnès Audier et le membre du cercle des économistes Hippolyte d’Albis.
La jeunesse est un capital humain laissé de côté. Voilà le maitre mot d’Emmanuel Schneider, premier intervenant, étudiant à l’école Polytechnique de Paris. Le problème majeur qui s’oppose à un investissemnt efficace de l’avenir est alors la défiance de cette jeunesse envers les systèmes d’intégration traditionnels que représente l’école, l’économie et la politique. Le politique a d’ailleurs une responsabilité supplémentaire. Comment une classe politique vieillissante pourrait-elle représenter une jeunesse inquiète de son avenir ? Les enjeux transgénérationnels comme la dette ou le développement durable ne sont pas considérés sous l’angle primordial des générations futures. C’est dans cette optique qu’Emmanuel Schneider prône la création d’une entité qui les représente, une entité fondée sur le modèle du parlement de la jeunesse imaginé par Jacques Attali. Les institutions de défense de la personne ne concernent de fait que les personnes déjà intégrées, l’exemple des syndicats est frappant et leur incapacité à intégrer les jeunes dans le monde de l’emploi est préoccupante. C’est donc par une politique économique d’encouragement et non pas de contraintes aux entreprises que l’on replacera le capital humain au cœur de l’investissement.
Repenser un accès global à l’éducation. En tant qu’étudiante en école de commerce à Kedge Business School à Marseille, Claire Devilard est consciente qu’elle représente un investissement certain pour ses parents. Mais elle est persuadée, à la suite de son expérience d’expatriée au Sénégal, que cet investissement est un levier formidable. C’est un investissement dans un moyen, un investissement pour que l’étudiant soit, à son tour, en mesure d’investir. La création, sous l’égide de l’UNESCO, d’un fond d’investissement mondial pour défendre un accès global à une éducation la plus complète possible. Cela passe d’abord par la défense d’une éducation ouverte au numérique comme en témoigne la multiplication actuelle des moocs, mais cela passe surtout pas une éducation multiculturelle, qui ne se limite pas aux simples frontières de notre pays. Claire Devilard se pose alors en fidèle héritière de Michel Serres qui déclare que l’éducation est le pendant de tout métissage culturel.
Un système universitaire en crise. C’est la colère et la frustration qui ont poussé Nicolas Naïditch, étudiant en Arts et Sciences Humaines à l’Université Rabelais de Tours à participer au concours étudiant des Rencontres Économiques. Avec fougue, il s’en prend à l’éthique de la déresponsabilité individuelle qui sévit dans nos Universités. Cette politique du « C’est pas moi, c’est l’autre » plonge nos institutions dans un immobilisme qui le scandalise. Son expérience personnelle sert de fil conducteur à son indignation publique, contre un système éducatif dans lequel « on s’ennuie », dans lequel « on se perd » et dans lequel les sciences humaines ont de moins en moins droit de cité.
Recréer le lien entre recherche fondamentale et innovation. Le théâtre représente pour Aliénor Vienne, étudiante à Polytechnique, un moyen particulièrement virulent de montrer les failles de notre système économique et de son rapport à l’innovation. On ne peut qu’éprouver une grande tristesse lorsque l’on est confronté à la multiplication des innovations à l’étranger alors que notre pays est au cœur des problématiques de recherche fondamentale. Le salut de notre société passe donc pour Aliénor Vienne par un mot d’ordre simple : audace, confiance, échec. Par ce biais, le consommateur sera replacé au cœur du système d’innovation et des processus économiques comme le crowdfunding deviendra un levier fondamental. En permettant l’accès aux laboratoires scientifiques au plus grand nombre, on donnera alors un futur aux innovations scientifiques.
Solidarité et héritage sont au cœur de la foi en l’avenir de nos intervenants mais cela implique de la même manière l’idée de responsabilité, justifiant ainsi la phrase de Saint Exupéry : « Nous n’héritons pas de la terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants. »
Léonard Desbrières