La « génération dorée » doit garantir une place à la jeunesse
Aujourd’hui, les voyages ne suffisent plus à former la jeunesse. S’ils ont été au cœur des projets européens et ont enchanté la « génération Erasmus », ils ne sont plus la préoccupation première des jeunes qui doivent plus que jamais trouver leur place sur le marché du travail. C’est à la génération des baby-boomers, qui achève sa période d’activité, d’assurer à la jeunesse une place dans le monde de demain.
Des jeunesses. Que signifie être jeune ? Peut-on réellement définir la jeunesse par une simple tranche d’âge ? Pour le démographe Hervé Le Bras, il faut une définition substantielle pour la qualifier, « c’est la période de la vie où l’on a la compétence mais pas la performance ». Pouvoir avoir des enfants mais ne pas en avoir, être formé pour travailler mais ne pas encore avoir d’emploi… La jeunesse ne s’étend donc pas sur la même période d’un pays à l’autre. Au Bangladesh par exemple, la puberté survient vers 15 ans et le premier enfant aux alentours de 19 ans, tandis que les français sont pubères à 12 ans et ont leur premier enfant en moyenne à 29 ans. La jeunesse serait donc une fabrication, largement dépendante de critères idéologiques. En France, on assiste à un allongement de la période dite « jeune » depuis 1974. Les jeunes ont répondu aux crises consécutives en étudiant plus longtemps, ce qui pose de nouveaux problèmes tels que la surqualification. Les pays en développement (PED) ont, pour leur part, connu une explosion démographique extraordinaire plaçant la jeunesse au cœur des priorités.
L’Afrique, futur berceau de l’humanité ? Lionel Zinsou, banquier d’affaires franco-béninois, illustre les enjeux liés à la démographie des PED en prenant l’exemple du continent africain qui compte à lui seul 500 millions d’habitants âgés de moins de 25 ans. Dans 25 ans, les jeunes d’Afrique subsaharienne d’aujourd’hui représenteront 25% de la population active mondiale. Ainsi, l’Afrique deviendra la seule zone géographique où la protection sociale et la prise en charge de la dépendance seront mécaniquement assurées. Les nombreux sondages mondiaux sur le moral des populations montrent que l’Afrique est la plus optimiste quant à son avenir. Le continent semble avoir de belles perspectives de croissance et d’innovation devant lui. Cependant, de plus en plus d’Africains vivront encore plus pauvres que leurs parents. La difficulté face à l’accès à l’emploi constitue un des défis majeurs du continent dans les années à venir.
Génération dorée, génération plombée. La génération dorée a connu les Trente Glorieuses, le plein emploi, des cotisations sociales faibles. La génération actuelle vit tout l’inverse : salaires irréguliers, taux de croissance négatif, accès au logement difficile… Elle se décrit elle-même comme une génération « perdue », « sacrifiée ». Les jeunes tiennent souvent leurs aînés pour responsables de leur situation difficile. Pour André Masson, directeur de recherches au CNRS, il s’agit donc pour les baby-boomers d’accepter un « pacte pour la jeunesse » qui les lieraient avec les plus jeunes afin d’assurer des conditions plus favorables aux générations futures tout en garantissant les droits des plus âgés. « Il faut comprendre très vite comment favoriser l’insertion des jeunes », insiste Jean-Michel Charpin, économiste français. La mobilité sociale en France est extrêmement faible aujourd’hui, l’objectif est de donner aux jeunes les moyens de vivre « mieux » que leurs parents.
S’ouvrir sur le monde pour redorer la jeunesse. Pour Mercedes Erra, fondatrice de BETC, l’ouverture des frontières constitue la clé d’un avenir rayonnant pour la jeunesse. « L’immigration est un enjeu fondamental pour défendre sa place dans un monde globalisé », explique la femme d’affaires. Si les discours politiques utilisent souvent les chiffres du chômage des jeunes pour plaider pour un contrôle de l’immigration, il faut comprendre que les immigrés n’occupent pas les mêmes emplois. La France a cruellement besoin de main d’œuvre peu qualifiée ainsi que d’experts ultra spécialisés que l’on ne trouve pas sur le territoire. « S’ouvrir au monde c’est s’offrir la chance de rayonner mondialement, la possibilité pour les jeunes de se mélanger et de voyager », conclut Mercedes Erra acclamée par l’audience.
Raphaëlle Orenbuch