Construire un modèle de ville désirable pour demain

Depuis 2007, plus de la moitié de la population mondiale vit dans des villes, dont l’expansion semble sans limites. 524 agglomérations comptent désormais plus d’un million d’habitants et 27 dépassent les 12,3 millions de l’agglomération parisienne. Comment alors faire en sorte de maximiser l’attractivité de ces villes-monde et imaginer la forme future de nos mégalopoles.

 
Saskia SassenUne ville est bien plus qu’un simple phénomène démographique.
Les composantes qui définissent les mégalopoles actuelles sont nombreuses et toutes participent à leur manière à la création d’un espace dynamique. Ainsi, il est nécessaire de prendre compte les aspects sociaux, économiques et culturels mais aussi les systèmes d’infrastructures et de services d’une cité pour juger de sa qualité. Le professeur de l’Université de Columbia à New York, Saskia Sassen, insiste sur ces composantes pour définir ce qu’elle appelle un « smart city model », c’est à dire la ville intelligente de demain.

L’innovation au cœur de la dynamique de nos villes. Une ville intelligente doit investir dans les nouvelles technologies pour assurer son attractivité mais aussi le développement d’un niveau de vie de qualité. C’est en tout cas la conviction de Pierre Mongin, Président directeur  de la RATP, qui place la mobilité comme le maître mot des mégalopoles actuelles. Par le biais des nouvelles innovations, les usagers se voient proposer une individualisation des parcours, mise à jour en continu. De plus en plus d’investissements doivent alors être consacrés à l’immatériel pour permettre l’adaptation de la ville aux défis de demain.
L’innovation permet aussi de répondre à la question du développement durable des villes.La volonté d’étaler toujours plus les mégalopoles existantes est une erreur fondamentale pour Saskia Sassen, il faut prendre conscience que la création de nouvelles villes est urgente.

Financement et gouvernance : des questions auxquelles il faut trouver des réponses. L’aménagement urbain représente un coût gigantesque. Comment articuler alors investissement privé et public ? Pour Pierre Antoine Gally, directeur de la Chambre de Commerce et d’Industrie de la région Île de France, il faut gommer cette mauvaise image des partenariats public/privé. Les responsables politiques, à tous les échelons, doivent travailler en coopération avec les entreprises pour bâtir une ville qui répond aux enjeux contemporains. Pierre Mongin s’interroge quant à lui sur la présence des investissements d’infrastructures à long terme dans la dette nationale. Ce principe est contre-productif puisqu’il paralyse les politiques de grands travaux qui profitent pourtant d’emprunts à taux très faible.
La question de la gouvernance détermine, pour sa part, l’attractivité de nos villes globales en ce qu’elle pose la question de l’efficacité des prises de décision. L’avocat Romaric Lazergues regrette la multiplication des échelons dans le cas de la mégalopole parisienne. Le millefeuille administratif français doit disparaître. D’autant que ce système a pour conséquence un nombrilisme exacerbé qui perturbe l’ouverture internationale de notre capitale.

Un développement durable comme défi ultime. Jesus Ramirez Stabros, membre du cabinet de la présidence de la République au Mexique, fait de cette donnée une priorité, surtout pour des mégalopoles de la taille de Mexico. Il est nécessaire que la ville de demain soit celle des énergies renouvelables et non polluantes. C’est dans cette optique que l’engagement de la RATP sur une émission zéro de tous ses véhicules dans la capitale parisienne prend tout son sens.

Léonard Desbrières