Un nouveau paradigme de la croissance
Résumé
Depuis Keynes, les économistes adorent utiliser, souvent hâtivement, le terme de paradigme. Pourquoi utiliser ce concept pour séquencer l’histoire des théories économiques ? Pour cette raison simple que l’économie politique a toujours fonctionné en s’appuyant sur des paradigmes, c’est-à-dire sur un ensemble de croyances et de concepts partagés par la communauté des économistes, mais qui cimentent aussi la société. Nul doute n’est possible sur le changement de paradigme auquel on va assister dans les années qui viennent. Car tout ce qui relevait de nos croyances est en train d’être balayé. On croyait ainsi au partage positif des activités productives mondiales, mais la segmentation à l’œuvre en grandes zones de production porte en elle la menace de guerres économiques. Quant à la dette, elle était jusqu’à peu jugée comme un mal absolu, source d’inflation, ce qui était démontré par des mécanismes académiques irréprochables. Or ces théories sont aujourd’hui démenties dans les faits.
A la place de la « fin du capitalisme », comme le prédisait Schumpeter, mieux vaut penser une croissance durable et inclusive, née d’une sorte de révolution de nos systèmes économiques et sociaux. Toutes les conditions sont réunies pour un vrai changement.
Les trois piliers sur lesquels peut se construire un nouveau paradigme sont, d’une part, les données économiques et sociales destinées à construire un avenir soutenable, d’autre part, les normes sociales qui doivent s’imposer et, enfin, les représentations du monde après la rupture. Les premières relèvent de nouvelles répartitions, le cadre même d’un nouveau contrat social, donnant à la croissance la mission de satisfaire sur le long terme le bien-être de l’ensemble de la population, toutes générations confondues.
Il va nous falloir aujourd’hui leur donner sens par rapport aux principes d’une croissance du XXIe siècle, la demande effective et compétitive chère à Keynes et la destruction créatrice portée par Schumpeter. Les entrepreneurs anticipent de nouvelles demandes et de nouveaux besoins au travers du marché des biens et services mais aussi au travers de leurs rêves et des innovations qui ne cessent de s’accélérer dans un monde en profonde mutation.
L’ambition de cette session est d’apporter les éléments du nouveau paradigme, 6 questions suivantes : Faut il augmenter les salaires ? Comment faire de l’innovation une source de nouveaux emplois ? Faut il favoriser les investissements d’expansion pour lutter contre le changement climatique ? Comment éviter que la jeunesse soit une génération sacrifiée ? Faut il parier sur la qualification des emplois ? Enfin, ne faut-il pas investir d’avantage dans le social ?
Intervenants
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Ministère de l'Economie, des Finances et de la Relance, France