Le dialogue social ou la guerre des idéologies
Résumé
La démocratie est en quelque sorte à l’organisation politique ce que le marché est à l’économie : un espace de contestabilité à même d’accroître le bien-être collectif en maintenant un consensus social évolutif, en évitant les positions acquises et pénalisant les abus de pouvoir. Comme pour le marché en économie, l’information joue ici un rôle déterminant : sa dissimulation, sa falsification, sa capture, sa manipulation conduisent (et on conduit dans le passé) à des dérives particulièrement nocives. Or, il semble que les évolutions récentes aient renforcé ces problèmes, comme si le principe de « contestabilité » s’étendait non plus seulement aux idées, à l’interprétation des faits et aux arguments raisonnés, mais de plus en plus aux faits eux-mêmes, dérive renforcée par l’expression libre d’opinions sur les réseaux sociaux. Quelle est la place, dans l’explication de ce diagnostic, des évolutions économiques récentes et des angoisses existentielles autour des pandémies, du réchauffement climatique, des crises environnementales, des défis du progrès technique ?
L’objet de cette table-ronde est de débattre de la façon de préserver et organiser le dialogue social aujourd’hui : comment institutionnaliser le respect des faits, la qualité des argumentations raisonnées, l’esprit critique, la clarté des choix idéologiques et des biais de toute nature. Ce débat est de fait un débat sur l’avenir de la démocratie et du capitalisme, et sur le rôle social de l’expertise scientifique, à un moment crucial de l’évolution de nos sociétés. Comment prendre aujourd’hui, sur tous les grands sujets et si possible avant la pression des catastrophes, des décisions collectives informées et raisonnées et les mettre en œuvre ?