À quand la prochaine crise financière ?

Plus de dix ans après la crise de 2008, la question ne semble plus être celle de savoir si une nouvelle crise financière aura lieu, mais plutôt quand et de quelle amplitude (récession ou véritable crise). Les comportements des acteurs restent de fait largement inchangés et les fondamentaux demeurent : définition étroite du profit, biais en faveur du court-terme (normes comptables et prudentielles, reporting, etc.), déploiement à grande échelle d’automatismes et d’algorithmes, importance des dérivés, modes de rémunération, etc.

Débattre du « timing » d’un nouveau krach suppose de s’interroger aussi bien sur ses causes structurelles que sur ce qui peut être l’étincelle : concentration dans la gestion, ralentissement de la croissance des pays émergents, taux durablement bas, incertitude sur le pilotage macro-économique, anémie de la zone euro, dérégulation outre-Atlantique, innovations technologiques (trading haute-fréquence, par exemple), poids des automatismes, entre autres.

Au-delà, les effets d’une nouvelle crise pourraient être amplifiés par certaines faiblesses de nos institutions économiques et politiques : la dette a augmenté, le « shadow banking » s’est développé à côté des banques, certains acteurs sont bien plus gros et plus complexes. Les outils pour faire face font l’objet de questionnements : quelles sont les marges des politiques fiscales et monétaires ? Les Etats, pour la plupart en crise de confiance, peuvent-ils mobiliser leurs populations ? La coopération internationale, clé en 2008-2009, est fragilisé. Quid de « America First » ? Quid de la Chine, nouvel acteur systémique ? Quid d’une Europe fracturée ?