Serons-nous encore des humains?

Le progrès continuel de la science et de ses applications permet d’envisager, dans un futur proche, l’utilisation des machines à des fins d’augmentation des potentialités de l’être humain. L’évolution croissante des NBIC (Nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives) soulève un certain nombre de questionnements sur le plan scientifique, moral, philosophique, mais aussi économique. Il est alors indispensable de proposer une réflexion sur l’avenir de l’être humain. L’ouverture de potentialités quasi-infinies pose donc cette question éthique fondamentale : malgré l’utilisation toujours plus forte de nouvelles technologies pour parfaire l’homme 2.0, existe-t-il une ligne rouge à ne pas franchir ? Jusqu’où peut-on améliorer le corps humain ?

Outre le conflit moral que fonde l’idéologie transhumaniste, les possibilités ouvertes par la capacité de faire évoluer les êtres humains posent un certain nombre de questions relatives à l’impact de l’augmentation de l’humain sur les sociétés de demain. En effet, le concours des machines pourrait éradiquer un certain nombre d’événements aujourd’hui considérées comme constitutifs de l’expérience humaine : la mort, la maladie ou encore la fatigue. De plus, l’hypothèse de la singularité technologique, où l’intelligence artificielle déclencherait un emballement de la croissance technologique induisant des changements imprévisibles sur la société humaine, ouvre des perspectives vertigineuses.

Un tel saut disruptif semble au-delà de toute faculté de compréhension. Pour autant, cette session aura pour objectif d’anticiper les potentielles conséquences de telles avancées sur le modèle économique, politique et social. La vie d’un humain est aujourd’hui composée de trois phases, d’apprentissage, de travail productif, puis de repos; cette séquence repose sur l’imbrication des générations, celle qui est en phase de production assurant les besoins des deux autres générations simultanément présentes. Comment une société d’êtres humains immortels pourrait-elle se réguler ? (contrôle des naissances, modification du génome, clonage humain) La vie éternelle sera-t-elle éternellement productive, éternellement apprenante? Quelle conséquence pour le marché du travail, pour la formation, et pour l’économie?  Quelles implications pour les systèmes de soins ? Peut-on imaginer une humanité à deux vitesses divisée entre les humains organiques et les humains augmentés ? Comment éviter cet écueil ?