Privatiser la recherche pour mutualiser l’innovation ?
Résumé
La recherche académique française est souvent évaluée à l’aune des modèles étrangers, tant sur sa production que sur son mode de fonctionnement. Les réformes lancées en France au cours des années 2010 – aussi bien dans la gestion que dans les moyens dédiés – ont favorisé un rapprochement avec la recherche privée. Elles ont souvent été critiquées du fait de la mise en concurrence et de la dépendance à l’égard du privé qu’elles mettent de facto en œuvre. Mutualiser l’innovation est considéré comme une condition essentielle d’une économie dynamique. Toutefois, l’innovation n’est pas systématiquement synonyme de progrès. La course effrénée à l’innovation conduit à l’aggravation de la crise écologique et climatique. L’enjeu est clairement aujourd’hui d’innover autrement pour générer des innovations plus sobres et responsables. Comment alors structurer les activités de recherche dans cette perspective ? Faut-il amplifier la « privatisation » de la recherche académique initiée depuis 20 ans ou au contraire la limiter ? En France, comme dans l’Union Européenne, les 2/3 des dépenses de Recherche et Développement sont réalisées par les entreprises. Mais pour répondre aux enjeux sociétaux actuels, le financement public est essentiel car il permet de supporter le risque inhérent à la recherche. Cela ne signifie pas qu’il ne faut pas encourager les collaborations entre recherche académique et recherche privée, bien au contraire. La question est davantage celle de l’organisation de ces collaborations dans une perspective d’enrichissement mutuel. Quel doit être alors le rôle de l’État ?