Le commerce mondial a-t-il toujours un rôle pacificateur ?
Résumé
En réponse au protectionnisme exacerbé des années 1930 qui a contribué à l’émergence d’une situation de guerre, le monde d’après 1945 a fait le pari d’une intégration commerciale des économies au service de la réconciliation et de la paix. Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier, Communauté Économique Européenne puis Union Européenne, General Agreement on Tariffs and Trade et enfin Organisation Mondiale du Commerce : le relatif succès de l’ordre mondial ainsi créé a pu sembler valider la vision kantienne de la paix par l’indépendance et confirmer les promesses pacificatrices du commerce.
C’était oublier l’interaction complexe entre politique et commerce entre nations, et la dépendance politique de ce dernier. L’interdépendance économique est à la fois facteur de tensions et d’avantages qui conduisent à chercher à gérer pacifiquement ces tensions. Le positionnement du curseur dépend en bonne partie du climat politique. Or, l’expérience européenne a montré que l’intégration commerciale ne conduit pas à l’intégration politique. La montée des inégalités au sein des pays développés a remis en question l’acceptabilité de la libéralisation commerciale, la puissance croissante de grands pays émergents, le changement climatique et la perte de biodiversité ont amené à questionner les bénéfices du commerce, la Covid-19 a montré qu’une dépendance commerciale mal gérée pouvait être facteur de vulnérabilité, et la guerre en Ukraine puis celle entre Israël et le Hamas ont contribué à une polarisation et une segmentation politiques qui ne facilitent pas la coopération commerciale. Comment mieux organiser aujourd’hui l’interdépendance économique et le commerce au service de la paix ?
Intervenants
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Chambre des Représentants, Egypte
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McKinsey & Company