L’entreprise au chevet de l’ascenseur social
Résumé
On assiste depuis le début du XXIème siècle à l’accélération de deux tendances de fond qui remettent à plat nos repères d’après-guerre. Il s’agit du recul important de l’État en tant qu’instance organisatrice de nos sociétés, et d’une forte montée des inégalités à partir du début des années 2000. Le recul de l’État en tant que pilier de la sphère publique est si manifeste que, dans les enquêtes d’opinion, c’est très souvent l’entreprise qui est citée comme organisation structurante, pivot et principal repère de la vie au quotidien. De façon concomitante, l’essor des entreprises permis dès les années 1980 par la libéralisation des économies puis l’avènement de la mondialisation, n’est certainement pas étranger à la montée des inégalités.
Il résulte de l’ensemble de ces chamboulements que c’est bien une mission de justice sociale qui échoit désormais à l’entreprise, en ligne avec les attentes des citoyens. Atténuation des écarts salariaux, disparités géographiques, égalités salariales hommes-femmes, intégration des travailleurs immigrés à notre société : l’entreprise est-elle désormais mécanicien-en-chef de notre ascenseur social ? Comment s’acquitte-t-elle de sa nouvelle mission ?
L’entreprise doit jouer un rôle croissant dans la formation des jeunes et des salariés. Mais, par ailleurs, d’autres enquêtes mettent en avant la souffrance au travail, l’absence de sens donné au travail particulièrement par les jeunes. Comment les entreprises peuvent-elles corriger cette mauvaise perception? Enfin, le poids des emplois peu qualifiés s’est accru et les travaux de prospective montrent qu’il va encore s’accroître dans le futur. Comment assurer une plus grande mobilité sociale si la majorité des emplois créés sont peu qualifiés?