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Rebâtir le système alimentaire


Industries & Innovation | Connaissances

Um mode de production et de consommation alimentaire qui rend malade et tue

Le modèle hégémonique de production et de consommation alimentaire est néfaste pour la santé des personnes et de la planète. L’agriculture industrielle, contrôlée par quelques entreprises transnationales, est responsable d’une grande partie de l’eau extraite de la nature, provoque une énorme perte de biodiversité, contamine les ressources naturelles, génère des émissions de gaz à effet de serre, rend la population malade à cause des pesticides et expulse les paysans, les peuples indigènes et les peuples et communautés traditionnels de leurs terres et territoires, gonflant les périphéries appauvries des grandes villes.

La logique capitaliste qui assujettit la majorité au détriment de la minorité s’est également emparée de notre alimentation. L’agitation de la vie quotidienne, entre travail et longues heures dans les transports en commun, couplée à la persistance d’une société patriarcale et machiste, dans laquelle les femmes sont principalement chargées des soins domestiques, a contribué à réduire de plus en plus le temps consacré à l’achat des aliments et à la préparation des repas. Peu à peu, les produits ultra-transformés et rapides à préparer ont gagné du terrain.

Or, ces produits (hamburgers, nouilles instantanées, saucisses, chips, biscuits fourrés, jus artificiels, sodas entre autres), qui remplissent les rayons des supermarchés et que l’on trouve partout, y compris dans les cantines scolaires, moins chers et plus faciles à acheter et à consommer, sont en réalité tout sauf des aliments. Ils sont fabriqués dans des industries à l’aide de différentes étapes de transformation et combinent des ingrédients qui n’existent pas dans nos cuisines. Et ils produisent du surpoids, de l’obésité et toute une série de maladies qui peuvent entrainer la mort.

Cela est possible en grande partie parce que l’industrie alimentaire capture les pouvoirs publics pour défendre ses intérêts. Elle parvient à convaincre d’utiliser des pesticides, d’empêcher que les étiquettes des produits décrivent leur composition de manière claire et détaillée, elle parvient à contenir la réglementation de la publicité pour les aliments destinés aux enfants et elle bénéficie également d’exemptions fiscales importantes.

Ces secteurs d’activité s’emparent également de l’imagination des gens par le biais de différentes stratégies publicitaires, telles que le financement de campagnes, d’événements et d’enquêtes, l’embauche d’influenceurs pour diffuser leurs messages ou la distribution d’échantillons gratuits de leurs produits.

Le fait est que le monde a atteint une relation insoutenable entre la production, la distribution et la consommation d’aliments. Nous vivons la tempête parfaite, une combinaison de trois pandémies dans une syndémie mondiale où la malnutrition, l’obésité et le changement climatique sont interconnectés et mutuellement potentialisés par un déterminant commun, qui est le mode hégémonique de production alimentaire.

La bonne nouvelle, c’est que nous savons comment nous attaquer à ce problème. Des expériences telles que celle du Brésil nous donnent de bonnes indications. L’insécurité alimentaire et nutritionnelle est un problème multicausal résultant de l’insuffisance des revenus, de la difficulté financière et physique d’accéder à des aliments de qualité en quantité suffisante, des conséquences du changement climatique et des processus discriminatoires tels que le racisme et le patriarcat, qui pénalisent les femmes, les noirs, les peuples indigènes, les communautés traditionnelles, les migrants et d’autres groupes de population systématiquement exclus.

La lutte contre l’insécurité alimentaire et nutritionnelle nécessite donc trois ingrédients principaux : un État fort capable de réguler le marché et de mettre en œuvre des politiques publiques efficaces, y compris des politiques de mitigation e adaptation au changement climatique ; un modèle de gestion intersectorielle ; et la participation de la société civile afin de faire entendre la voix des personnes les plus touchées par une alimentation inadéquate.

Être à l’écoute de la société c’est s’ouvrir à des changements profonds pour construire des modèles fondés sur l’inclusion, la justice et le respect de la diversité et de la nature. Cela signifie produire sans pesticides et sans OGM, rapprocher les producteurs et les consommateurs d’aliments, donner accès à des aliments peu transformés, mettre en place des structures urbaines d’alimentation et de nutrition (restaurants populaires et cuisines collectives, entre outres), respecter les habitudes alimentaires des communautés, mettre en œuvre des politiques de soins qui permettent la participation de tous, hommes et femmes, sur un pied d’égalité, à la production et à la préparation des aliments. Il s’agit de comprendre que l’alimentation est un droit et que l’État a donc l’obligation de respecter, de protéger et de promouvoir ce droit.

Il n’y a pas de secret, il suffit de commencer maintenant !