L’Amérique Latine un partenaire incontournable pour l’Europe

Dans un contexte de polarisation géopolitique croissante et de rivalité entre les Etats-     Unis et la Chine, l’Amérique Latine risque de disparaître du radar de la communauté internationale. Certes, les mandats du Président Bolsonaro au Brésil et de Lopez Obrador au Mexique se sont caractérisés par un désintérêt des affaires internationales et un repli national.
L’UE a besoin de l’Amérique Latine et elle, à son tour, a besoin de l’Europe.

L’Amérique Latine a un rôle clé à jouer dans la transitions énergétique et climatique, la sécurité alimentaire et la résilience des chaînes de valeurs. La région possède plus de la moitié des réserves mondiales de lithium et des réserves considérables de cuivre, bauxite, graphite, nickel et terres rares. Sa contribution aux émissions de gaz  à effet de serre demeure  très faible mais la richesse en ressources naturelles et en biodiversité font de cette région un partenaire essentiel dans la lutte contre le dérèglement climatique. L’Amérique Latine représente 40% des exportations nettes des produits alimentaires ce qui lui confère un rôle      majeur dans la stabilisation des prix des aliments et, plus largement, dans la sécurité alimentaire. La réduction des risques sur le commerce international passe aujourd’hui par la reconfiguration et la résilience des chaînes de production.  Sur ce point, l’Amérique Latine est très bien positionnée pour en bénéficier.

Dans le même temps, la région a besoin de l’Europe pour protéger  ses flux commerciaux et ses investissements d’une dépendance croissante vis-à-vis de la Chine. L’Amérique Latine souffre du poids élevé du secteur informel sur son économie, de la faible valeur ajoutée de ses produits et d’une productivité en développement, notamment dans le secteur des services. Le commerce, les investissements et les financements européens peuvent aider l’Amérique Latine à y répondre.

Ensemble l’Europe et l’Amérique Latine peuvent travailler à renforcer le système multilatéral des règles, le respect du droit international et éviter le piège de la fragmentation économique globale.

Cette interdépendance ne peut néanmoins pas cacher les défis auxquels doivent faire face les leaders des deux côtés de l’Atlantique. Du côté européen, il s’agit de la nécessité d’accélérer l’intégration dans plusieurs domaines tels que l’énergie, les marchés des capitaux, les marchés numériques,  la défense et la sécurité. Du côté latino-américain, les défis portent essentiellement sur la gouvernance politique : des systèmes présidentialiste où l’essentiel du pouvoir réside dans les mains d’un exécutif qui l’exerce sans réelle opposition et des institutions démocratiques relativement faibles. A ceci s’ajoute une intégration régionale stagnante, des inégalités toujours plus fortes et la pression permanente de la corruption et du crime organisé.

Le dernier sommet UE-CELAC de juillet 2023 – huit ans après la dernière rencontre des leaders Euro-Latino-Américains, s’est conclu sur un message clair qui ne doit pas être négligé : la coopération est la voie la plus efficace pour construire une résilience géopolitique et répondre aux défis climatiques, économiques, démocratiques et sociaux.