Le commerce peut-il encore pacifier les relations internationales ?
Equilibres mondiaux | L'Europe et le monde
Contribution de Sylvie Matelly
Depuis Montesquieu, s’est développée l’idée que le commerce, en adoucissant les mœurs, serait vecteur de paix entre les peuples. Pourtant, de la Première Guerre mondiale aux menaces d’un conflit sino-américain autour de Taïwan, en passant par la guerre en Ukraine, nombreux sont les exemples ayant démontré l’invalidité de cette théorie.
Comme l’observe dans cette note Sylvie Matelly, directrice adjointe de l’IRIS, il faut en fait revenir à la vision originelle du penseur : ce n’est pas le commerce qui assure la paix, c’est le refus de la guerre qui permet le commerce. S’il est vrai que l’intensification des échanges commerciaux a pu correspondre à un développement de la paix, cela fut surtout le cas entre pays développés, l’Europe en étant le meilleur exemple. Ceux-ci, bénéficiant de termes de l’échange avantageux sur les pays moins développés, y délocalisèrent leurs usines après y avoir délocalisé leurs guerres. C’est parce que les grandes puissances ont décidé que le commerce était une alternative à la guerre plus profitable qu’elles l’ont développé et établi des institutions pour le régir.
La guerre en Ukraine, première guerre entre deux pays membres de l’OMC, sonne la fin d’un certain ordre mondial. Pour Sylvie Matelly, nous n’avons désormais d’autre choix que de sortir de cette vision naïve selon laquelle nouer des relations commerciales intenses permettrait d’éviter la guerre. Pour préserver la paix, il nous faut désormais inventer un nouveau commerce international, plus inclusif, porteur de développement et de sécurité humaine.
Cette contribution est issue du Cahier des Rencontres Économiques d’Aix-en-Provence « Recréer les espoirs ».