Investir dans le capital humain
Travail | Les pays
Écrit pour la session 27 – Comment revaloriser la formation continue?
Nous sommes témoins des grandes mutations qui, ces dernières années, redéfinissent le paysage du travail. Accélération technologique, urgence écologique ou encore nouveaux modèles de société, ces mutations fondamentales transforment nos modes de pensées et de vie. Ces changements fondamentaux ont un impact sans précédent sur notre vie professionnelle, qui a longtemps été épargnée par les profonds bouleversements qui secouent notre société. Aujourd’hui, c’est notre devoir de leader d’engager chacune et chacun à comprendre le monde qui nous entoure. C’est notre devoir de leader de permettre à tous de s’y adapter, notamment en favorisant le développement des compétences utiles au monde de demain.
C’est pourquoi, j’en ai la conviction, la formation sera l’enjeu de la prochaine décennie. Il nous faut accompagner la transformation du marché du travail et le nécessaire transfert de compétence qui l’accompagne. Alors que les métiers évoluent, voire pour certains mutent, nous devons prendre le temps de dresser un état des lieux et des perspectives afin d’anticiper le besoin de compétences propres à ces changements. D’autant plus que ces mutations bousculent l’ordre établi et mettent en difficulté les plus fragiles d’entre nous.
Comment inciter tout un écosystème à changer ?
Pour moi, la réponse est claire : notre principal défi est de revaloriser la formation continue et de repenser la notion d’apprentissage. Apprendre ne se limite plus simplement à un cours théorique à l’école ou en ligne, mais à une mise en pratique au quotidien, directement dans le métier, pour accompagner tous nos publics : collaborateurs actuels ou à venir, collaborateurs débutants ou plus expérimentés… Ateliers, cours et séminaires sont les clefs pour comprendre, rencontrer, échanger et partager. Et pour se réinventer et se développer. En valorisant la formation continue, nous encouragerons les collaborateurs – actuels et futurs – à être plus volontaires, engagés et créatifs. Gouvernement, employeurs et institutions éducatives doivent travailler main dans la main pour revoir les programmes d’apprentissage tout au long de notre vie, notamment pour les jeunes, pour ceux qui souhaitent un retour à l’emploi rapide ou pour les personnes en situation de handicap.
Au sein des entreprises, les services RH joueront un rôle déterminant pour transformer leur organisation par la formation, au même titre que les DSI ont massivement contribué à la digitalisation des entreprises ces dernières années. La technologie ne peut évoluer sans que l’humain n’évolue en parallèle. Un tel décalage serait désastreux pour la notion même de performance. Il est urgent que les directions générales investissent dans le capital humain et allouent un budget significatif à la formation.
Alors que la question de la formation est fondamentalement un sujet de branche et de territoire, nous devons miser sur la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, et investir dans les compétences humaines là où elles sont. Par secteur d’abord : dans le numérique, mais aussi dans des métiers dits techniques qui requièrent des compétences manuelles spécifiques. Dans les territoires ensuite, avec une perspective d’ancrage territorial fort. En collaborant avec tous les acteurs de son écosystème (MEDEF locaux, lycées professionnels), l’entreprise peut aller plus loin pour trouver des solutions innovantes et penser une nouvelle politique de formation : création de journées porte-ouvertes, d’ateliers ou encore centres de formation propre à son activité pour présenter, immerger et former les futurs candidats. L’entreprise doit également investir pour proposer des formations managériales adaptées aux nouvelles attentes des collaborateurs, inspirées par les changements sociétaux : besoin grandissant de liberté, ré-équilibrage vie professionnelle vie privée, besoin de bienveillance.
C’est dans l’accompagnement individuel des parties prenantes que l’entreprise consolidera la pérennité de son activité. C’est un travail minutieux qui requiert d’agir en équipe – une alliance entre le privé et le public – pour investir fortement dans le capital humain et ainsi garantir le développement des compétences indispensables à la compétitivité des entreprises.