Recueil des contributions
En partenariat avec les Éditions Nathan
Procédons à un petit exercice de mémoire…
Introduction d’Étienne Klein, Président du Jury de la Parole aux 18-28
Qu’est-ce qui nous occupait tout juste avant le déclenchement de la pandémie de Covid-19 ?
J’ai d’abord le souvenir que nous faisions allègrement joujou avec le spectre de l’effondrement, voire avec celui de la fin du monde. Les réflexions sur la catastrophe étaient devenues un genre littéraire autonome. Chaque jour, on nous remettait une couche supplémentaire de noir sur l’obscurité générale. J’ai également le souvenir que dans les moments où nous laissions la fin du monde en paix (si j’ose dire), nous nous disloquions en une sorte d’immobilité trépidante, de « présentisme » effréné : nous étions submergés par un flux incessant, ensevelis sous des tonnes d’informations dont la consistance était souvent artificielle. Nous ne parlions guère que du présent, comme si le futur s’était absenté de nos représentations, comme si l’urgence avait partout répudié l’avenir comme promesse.
Or, que s’est-il passé pendant le premier confinement ? Bien sûr, nous étions tous concentrés sur le très court terme, cherchant la manière la plus efficace de gérer les crises sanitaire et économique en cours, de réparer les dégâts. Mais dans le même temps, chacun d’entre nous se sentait invité par la force des choses à réinvestir l’idée de futur.
C’est ainsi qu’en seulement quelques semaines, alors même que de multiples effondrements étaient en cours et que d’autres menaçaient de se produire, alors même que l’avenir devenait encore plus imprévisible qu’auparavant, l’idée qu’il y aura demain un monde a remplacé l’idée de fin du monde !
À la surprise générale, le temps long a ainsi fait son come-back au sein de notre présent. Il est heureux que, dans les pages que vous allez lire, des jeunes filles et des jeunes gens aient repris ce flambeau à leur propre compte, accordant à l’avenir un statut digne de ce nom, lui donnant de fières allures de défi, l’investissant avec des idées, des scénarios, des projets, des représentations, des désirs. Tous, chacun à sa façon, ont donné corps à l’idée que l’avenir constitue une authentique réalité, mais qu’il n’est pas complètement configuré, pas intégralement déterminé, de sorte qu’il y a encore place pour du jeu, des opportunités pour la volonté et pour l’invention.
En faisant cela, mine de rien, ils ont redynamisé le temps en force historique. N’est-ce pas, en soi, une bonne nouvelle ?
Et si vous transformiez le monde : quelles seraient vos priorités ?
Retrouvez dans ce recueil les contributions des quatre lauréats et des candidats du Prix La Parole aux 18-28.