Qu’avons-nous appris en 2020 ?
Résumé
La première leçon de 2020 est, ce qu’annonçaient depuis longtemps les épidémiologiques, qu’il peut y avoir et qu’il y aura d’autres pandémies, que la vraie menace sanitaire est les maladies infectieuses et qu’il faut donc se préparer à d’autres crises de ce type. Dans le domaine de l’économie, les enseignements sont multiples. D’abord la complexité du capitalisme. Il se serait effondré sans l’aide des Etats, il ne protégeait pas les populations les plus fragiles. Mais il a produit les vaccins ARN-M, avec la capacité à faire prendre des risques aux chercheurs et à financer cette prise de risque. Le défi sera de réformer le capitalisme sans faire disparaître ce dynamisme. Ensuite, on a vu l’intervention massive des Etats et des Banques Centrales et l’abandon de tout conservatisme dans les politiques économiques. Il y a d’abord eu une intervention de crise que personne ne critique (déficits publics énormes, monétisés par les Banques Centrales), mais il y a maintenant une intervention structurelle accrue des Etats (plans d’investissements publics, volonté de relocalisation, amélioration de la protection sociale), financée nécessairement par une hausse des impôts. Cette intervention accrue des Etats fait aussi l’objet d’un large consensus, mais le défi pour les Etats sera d’être efficaces dans ces interventions. Les Etats savent-ils choisir les investissements publics qui soutiennent la croissance de long terme, savent-il identifier les innovations de rupture ? Doivent-ils garder les entreprises ou les soutenir en leur laissant l’initiative (DARPA aux Etats-Unis) ? L’intervention des Banques Centrales pose un problème spécifique : que se passe-t-il à long terme quand on a massivement augmenté la quantité de monnaie et maintenu durablement des taux d’intérêt presque nuls ? Nous avons aussi appris que les économies allaient se digitaliser davantage (télétravail, consommation en ligne, nouveaux moyens de paiements…). Ces mouvements existaient mais ont été accélérés par la crise. Certains espèrent qu’ils vont apporter un supplément de croissance à long terme ; d’autres craignent qu’ils amplifient la polarisation des marchés du travail. Certains ont cru que les consommateurs allaient devenir plus « frugaux » : consommer moins, des produits locaux, moins voyager. Cet espoir sera sans doute déçu, comme le montre le bond de la consommation dans tous les pays lorsque les contraintes sanitaires sont levées. Enfin, la crise de la Covid a entraîné, qu’il y ait un lien scientifique ou non, une accélération de la transition énergétique qui, elle aussi peut être prise de deux manières : elle est bien sûr indispensable mais elle posera des problèmes majeurs à plusieurs secteurs d’activité (automobile, aéronautique, énergie) et à leurs salariés. Au total, nous avons appris qu’il faillait réfléchir davantage aux risques et aux conditions de la résilience des économies et des sociétés ; qu’il fallait se demander comment organiser le rôle de l’Etat : pas des incitations, des interventions directes, des financements… ; que les crises accéléraient des évolutions déjà en place (digitalisation de l’économie) ; que le capitalisme devait être réformé mais sans détruire sa réactivité.
Intervenants
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Espagne
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Maison Blanche