Va t-on vraiment réindustrialiser la France ?
Le 4 février, le Cercle des économistes a réuni 40 intervenants et en direct lors d’une journée spéciale : « Va t-on vraiment réindustrialiser la France ? »
5 enjeux majeurs pour la réindustrialisation étaient au cœur du programme :
- L’exception industrielle de l’ouest de la France, un atout pour les relocalisations post-crise ?
- Faut-il relocaliser, réindustrialiser ou localiser des industries nouvelles ?
- Innovations et excellence : valoriser les expertises territoriales pour construire la France de demain
- L’action publique en question face aux réindustrialisations
- Capital humain : former, valoriser et reconvertir
A l’issue de cette journée, le Cercle des économistes a présenté 14 propositions concrètes pour restaurer la puissance industrielle de la France. Découvrez-les et revivez l’événement en replay !
Sommaire
➡️ Propositions du Cercle des économistes
Les propositions du Cercle des économistes pour réindustrialiser la France
Le constat est clair : la France n’est plus un pays de culture industrielle, et ça lui coûte cher ! Depuis 1960, la part de l’industrie dans l’économie française n’a cessé de diminuer. La crise de la Covid a mis en lumière ce déclin et les conséquences qu’il provoque : perte de souveraineté, déficit courant persistant, capital humain en déperdition. Il est essentiel de réagir.
Heureusement, la France dispose encore de nombreux atouts pour relancer son industrie et retrouver un rôle technique, technologique et industriel à l’échelle mondiale : une véritable attractivité, des géants industriels français, des pôles de compétitivité, des services de qualité, des politiques industrielles européenne et française qui trouvent aujourd’hui une cohérence.
Pour stopper le déclassement de la France et renouer avec une industrie forte, le Cercle des économistes propose de s’appuyer sur 4 axes de développement à mettre en place rapidement et de manière simultanée :
Axe 1 | Pour lancer la réindustrialisation : réorganiser les institutions
#1 Créer un grand ministère de l’industrie et de la recherche en France pour impulser, coordonner et cibler les politiques publiques de production et d’emploi dans les filières productives au niveau national et au niveau des pôles de compétitivité territoriaux.
#2 Doter chaque pôle de compétitivité d’un fonds d’investissement s’appuyant sur des dispositifs de financements mixtes public-privés.
#3 Mettre en place, au niveau européen, des agences pour financer les innovations de rupture. Elles couvriraient les grands projets dans les domaines de la défense, de l’aérospatiale, de l’énergie, de la microélectronique, du numérique et de la santé.
#4 Mettre en place un véritable Buy European Act, sur le modèle américain, pour réserver aux entreprises européennes l’accès aux marchés publics dans certains secteurs, dont la santé et l’écologie.
#5 Créer des fondations détenant une capacité de recherche et de financement massive permettant de mener des projets de recherche ambitieux et de long terme. Celles-ci réuniraient les grandes écoles, les universités et les centres de recherche.
Axe 2 | Pour réussir la réindustrialisation : cibler et accompagner les secteurs clés
#6 Porter les dépenses de R&D en France à 3% du PIB, soit une augmentation de 20 milliards d’euros par an. La réindustrialisation ne se fera pas sans un effort massif d’innovation.
#7 Cibler nos efforts de financement dans des écosystèmes très portés vers l’avenir, qui répondent à quatre critères :
- ils s’appuient sur des marchés publics et/ou affirmés
- ils doivent mobiliser un ensemble de technologies numériques, mais également mécaniques ou chimiques
- ils se développent en partenariat étroit avec des institutions de recherche
- ils partent de compétences existantes mais peu développées, souvent liées à des pôles de compétitivité
Nous pouvons l’illustrer de multiples manières, par la robotique, les énergies de la mer, l’imagerie médicale, les biotechnologies ou encore les télécommunications à partir de la 5G.
#8 Développer les dispositifs d’accompagnement public de l’épargne des français vers les entreprises qui porteront ces écosystèmes innovants, notamment par des garanties étatiques sur une partie du capital, un minimum de rendement garanti, des incitations fiscales ou des labels encourageant un placement de l’épargne vers l’innovation.
Axe 3 | Pour pérenniser la réindustrialisation : améliorer l’attractivité des territoires
#9 Faire de la France un des pays leader de la transition énergétique en proposant aux entreprises industrielles des chaînes logistiques décarbonées.
#10 Alléger les impôts de production, qui touchent l’industrie de manière plus importante que les autres secteurs, dans l’esprit de la baisse de 10 milliards d’euros prévue dans le plan France Relance.
#11 Orienter la dépense publique vers l’investissement dans les écosystèmes industriels territoriaux et non vers les aides publiques directes à des entreprises spécifiques.
Axe 4 | Pour ancrer la réindustrialisation dans le long terme : renouer avec une culture scientifique et technologique
#12 Revaloriser l’ensemble des métiers industriels et techniques, socialement et financièrement (notamment au niveau des salaires) quel que soit leur niveau de formation.
#13 Cibler de manière plus efficace les dispositifs de formation tout au long de la vie vers les personnes en difficulté ou effectuant des tâches à faible valeur ajoutée.
#14 Réformer l’éducation pour mieux préparer les générations à venir à acquérir les compétences clés de la réindustrialisation, tant cognitives que non-cognitives (les mathématiques, les sciences, la compréhension écrite, l’ouverture à la résolution individuelle et collective de problèmes, la capacité à travailler en mode projet, la persévérance, l’autonomie, le sentiment d’appartenance et la capacité d’apprendre en continu).