Un événement du Cercle des économistes
Espace Presse

La Déclaration des Rencontres Économiques 2020 #Aix en Seine

La feuille de route du Cercle des économistes : 15 propositions en 8 axes pour répondre à la crise

À l’issue de 3 jours de débats intenses, le Cercle des économistes dévoile les propositions de la déclaration des Rencontres Économiques Aix en Seine. Elles expriment le point de vue de plus de 300 personnalités du monde académique, économique, politique et social de toutes sensibilités pour un plan de relance ambitieux.

Ce texte est le produit d’une démarche et d’un recueil de réactions provenant de quatre sources : les réactions des membres du Cercle des économistes, des coordinateurs de session, des thinks thanks participant aux Rencontres Économiques, des trois webinars réalisés avec onze associations de jeunes (La FAGE, Mozaïk RH, Apprentis d’Auteuil, Nos quartiers ont du talent, Prométhée Education, Fondation FACE, Agence du service civique, Graine d’orateur, l’UNIGE, les Déterminés et l’UNEF), et les propositions issues des débats des 52 sessions des Rencontres Économiques.

Dans notre esprit, ce texte n’est que le premier élément qui va permettre un débat lancé par les Rencontres d’Aix en Seine et qui doit se poursuivre tout au long de l’été avant le lancement du programme de relance.

 

Les 8 axes de la déclaration :

  • Axe n°1 : Donner la priorité à la jeunesse
  • Axe n°2 : Relancer au niveau européen et français les filières productives innovantes
  • Axe n°3 : Créer des emplois, lutter contre la pauvreté et favoriser la mobilité
  • Axe n°4 : Lutter contre les fractures territoriales
  • Axe n°5 : Décrisper, décloisonner, rétablir les liens fondamentaux au sein de la société française
  • Axe n°6 : Reconstruire un Etat frugal, efficace et juste
  • Axe n° 7 : Bâtir un leadership moral de l’Europe
  • Axe n°8 : Penser long-terme, climat, financement de long-terme et intergénérationnel

 

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Introduction

“Nous sommes entrés dans le nouveau siècle sans boussole.” Force est de constater que Amin Maalouf n’avait pas tort… l’humanité est confrontée à de nouveaux périls, sans équivalent dans l’Histoire des civilisations.

Et la France est en risque !

Nous sommes alors convaincus que seules des solutions audacieuses et innovantes pourront répondre aux trois enjeux, un grand plan débattu et partagé, éviter une crise sociale, et renouveler les relations européennes et internationales.

Dans cette recherche, les économistes se doivent d’apporter des réponses à un certain nombre de questions. Jusqu’où faut-il relocaliser les productions ? Les économistes doivent également s’interroger sur les critères, sur les exigences de rentabilité, donc sur les capacités de financement pour les investissements massifs d’infrastructures qu’il nous faudra réaliser dans les années qui viennent. Enfin, les économistes ont à réfléchir au compromis à réaliser entre les urgences, sur le plan du chômage, notamment celui des jeunes, et la volonté de verdir la croissance.Par rapport à cela nous avons développé quinze propositions correspondant aux huit axes suivants.

Axe n°1 : Donner la priorité à la jeunesse

  • Demander au MEDEF, à la CPME et à l’U2P de s’engager avant fin juillet afin que les entreprises s’engagent à recruter au minimum un jeune en fin d’études. Ce recrutement sera pris en charge totalement ou partiellement par l’Etat pour une durée d’un an. Pour ceux n’ayant pas pu bénéficier de ce dispositif, proposer de poursuivre une formation pour une durée d’un an tout en étant rémunérés au RSA. Enfin, pour les jeunes peu qualifiés, multiplier par dix toutes les formations de requalification (CNAM, écoles de la seconde chance, etc.) en les tournant vers les secteurs créant de l’emploi.
  • Baisser et au minimum lutter contre la hausse des prix de l’immobilier en régulant le prix du foncier en allongeant la durée des prêts immobiliers, en supprimant la TVA pour la première acquisition et en organisant des opérations de démantèlement entre foncier et bâti, et, ou entre usufruit et nue-propriété.

Axe n°2 : Relancer au niveau européen et français les filières productives innovantes

  • Mettre en place un véritable Buy European Act, sur le modèle américain, pour réserver aux entreprises européennes l’accès aux marchés publics dans certains secteurs, dont la santé et l’écologie.
  • Pour reconquérir la maîtrise de nos chaînes de valeur dans des domaines stratégiques et à haute valeur ajoutée, créer des agences européennes sur le modèle des DARPA et BARDA américaines pour financer les innovations de rupture. Ces agences couvriraient les domaines de la défense, de l’énergie, du numérique et de la santé.
  • Annuler le remboursement des intérêts des prêts garantis, et reporter le début du remboursement du capital de la dette à un minimum de 5 ans. Pour redonner confiance aux entreprises qui sont inquiètes d’une possibilité de faillite, il a été envisagé de transformer les prêts garantis en prêts participatifs ou en quasi-fonds propres. Mais la démarche risque d’être très complexe et inadaptée en calendrier. C’est la raison pour laquelle nous proposons d’annuler les intérêts des prêts garantis sous condition exprimée par les banques qu’il ne s’agit pas de “zombies”.

Axe n°3 : Créer des emplois, lutter contre la pauvreté et favoriser la mobilité

  • Mettre en place un contrat de formation professionnelle de reconversion des employés licenciés des secteurs fortement touchés par la crise (aéronautique, automobile, etc.) pour les former aux secteurs créant de l’emploi (technologies de l’information et environnement par exemple) dans l’objectif d’empêcher une hausse du chômage structurel.
  • Créer une allocation unique universelle qui regroupe toutes les prestations sociales existantes de lutte contre la pauvreté et la précarité en une seule prestation unique, évolutive et simple. Cela fait des années qu’on en parle, faisons-le.
  • Exiger, pour les personnes vivant dans des logements sociaux, que toute proposition de changement d’emploi à une distance importante soit assortie d’une proposition de changement de logement social proche du nouveau lieu de travail.

Axe n°4 : Lutter contre les fractures territoriales

  • Relancer une nouvelle étape de décentralisation, en mettant en avant le principe que, lorsqu’une compétence est transférée vers une région ou une métropole, l’Etat central s’en dessaisit. Il est nécessaire de donner aux régions toutes compétences sur l’emploi, en s’appuyant sur les bassins d’emploi, et de leur permettre d’avoir leurs propres fonds d’investissement.

Axe n°5 : Décrisper, décloisonner, rétablir les liens fondamentaux au sein de la société française

  • Rendre obligatoire le chèque syndical dans les entreprises, titre de paiement émis par l’employeur au salarié afin que ce dernier puisse financer un syndicat de son choix, sans avoir à y adhérer. Le chèque syndical est financé en entier ou en partie par l’employeur.
  • Généraliser les mécanismes de participation, intéressement et actionnariat salarié dans les entreprises.

Axe n°6 : Reconstruire un Etat frugal, efficace et juste

  • Modifier la logique de fonctionnement des trois fonctions publiques (fonction publique d’État, fonction publique territoriale et fonction publique hospitalière) en les rendant plus efficaces. Sans modifier le statut de la fonction publique, évoluer vers un modèle d’agences à la suédoise où les administrations publiques ont une autonomie budgétaire et opèrent à partir d’objectifs sur lesquels ils sont évalués ex-post.

Axe n° 7 : Bâtir un leadership moral de l’Europe

  • Redéfinir le cadre des marchés du numérique. Il faut d’abord protéger les données personnelles au niveau européen avec la mise en place du Cloud European Act, pour s’assurer qu’elles restent la propriété des Européens. Par ailleurs, au niveau individuel, il faut mieux réglementer le consentement au partage des données privées sur les sites, afin de renforcer la maîtrise des données personnelles par les individus.

Axe n°8 : Penser long-terme, climat, financement de long-terme et intergénérationnel

  • Lutter contre le réchauffement climatique en s’appuyant sur l’innovation verte que l’on incite à travers différents instruments : prix du carbone, subventions à l’innovation verte, DARPA énergie, taxe carbone aux frontières, responsabilité sociale des entreprises et actions de banques centrales et commerciales (climate stress test).
  • Réconcilier l’exigence de rentabilité des marchés financiers et la faible rentabilité des projets de long terme. Deux mesures doivent être mises en avant : il faut d’abord associer les financements privés et publics, à travers la Banque Publique d’Investissement. Ensuite, nous devons donner aux pouvoirs publics la possibilité de garantir, pour les seniors, l’épargne engagée dans ces projets.