La France peut-elle donner un nouveau souffle à l’Europe ?

Les économistes ont une vue assez consensuelle des défauts, des défaillances, présentes de l’Union Européenne et de la zone euro : il n’y a pas de mécanisme qui corrige l’hétérogénéité croissante des pays (en termes de spécialisation productive, de niveau de revenu, d’évolution de la compétitivité) ou qui permette de partager les risques (chocs conjoncturels, crises) entre les pays.

Il n’y a plus de mobilités des capitaux entre les pays de la zone euro ce qui vide de sens l’Union Monétaire. La règle est la concurrence et non la coordination des politiques fiscales. L’Europe n’a pas su faire apparaître des entreprises de grande taille dans les secteurs d’avenir (énergies renouvelables, batteries électriques, entreprises de l’Internet).

La France (le gouvernement, de nombreux économistes) met en avant ces défaillances et propose de les corriger par une dose accrue de fédéralisme (budget de la zone euro), par l’harmonisation des règles du marché du travail (par exemple, salaire minimum identique dans tous les pays relativement au salaire médian…), par la mise en place d’une dette sans risque de la zone euro (qui corrigerait la segmentation des marchés financiers), par l’harmonisation fiscale, par une réflexion sur les règles de la concurrence, par une forme de « politique industrielle européenne ».

Mais, s’il y a acceptation d’un rôle accru de l’Europe dans les domaines de la sécurité, du contrôle de l’immigration, des investissements d’avenir, la coordination des politiques économiques (salariales, sociales, fiscales) ou la constitution d’un budget commun sont aujourd’hui rejetées, y compris par les conservateurs allemands.

Peut-être faut-il se résigner à ce que l’Europe économique soit seulement un grand fonds d’investissement, alors que les pays conserveraient leur liberté de choix des politiques du marché du travail, des politiques fiscales, ce qui semble être la position dominante aujourd’hui en Allemagne, en Italie, en Europe du Nord.