La concentration des entreprises est-elle la solution ?

Il est établi que les inégalités de revenu et de patrimoine se sont accrues depuis les années 1980, retrouvant leur niveau d’il y a une centaine d’années. Cette tendance est concomitante à une dynamique de concentration des entreprises qui participe certainement à ce phénomène, en dissipant les effets de la concurrence. De fait, la concurrence représente un élément crucial du capitalisme : elle favorise l’innovation et la croissance, la diffusion du pouvoir économique et assure la liberté politique. Cette concentration ne se limite par ailleurs pas aux seuls géants technologiques, mais touche jusqu’aux secteurs les plus traditionnels, comme celui du transport ferroviaire.

Ce mouvement est allé de pair avec le relâchement, voire l’abandon, de la politique antitrust poursuivie depuis les années 1930.  Pour l’endiguer, la solution pourrait être de revenir aux racines du capitalisme, en renforçant la concurrence pour que les réglementations servent la société, au lieu de protéger les acteurs existants. Mais si les autorités de la concurrence ne manquent a priori pas de pouvoir, il semble que leur logiciel d’analyse soit incomplet ou dépassé. Aucun des géants technologiques n’a ainsi pu être détrônée sans l’intervention du gouvernement, alors que leurs modèles économiques sont en position d’influer sur la nature même du capitalisme. Comment asseoir ce nouvel écosystème sur des bases équitables et transparentes ? Quelles fondations, quelles nouvelles méthodes faudra-t-il imaginer pour les instruments de préservation de la concurrence ?