8 Jul 2017
La France est-elle prospère?
Débat 6
Cette question « La France est-elle prospère ? » est intéressante puisqu’on peut répondre de deux manières totalement opposées. D’un côté, la France offre à une majorité de sa population une situation que lui envient les citoyens de beaucoup d’autres pays. Plus de ¾ des français ont un contrat de travail à durée indéterminée, très protégé, avec une probabilité très faible de devenir chômeurs. Le système de protection sociale (santé, retraite, famille, indemnisation du chômage) est parmi les plus généreux ; le système éducatif est largement gratuit ; les inégalités ne se sont pas accrues.
Mais d’un autre côté, une minorité de la population (les 25% d’« outsiders » par opposition aux « insiders ») est dans une situation très difficile : contrats de travail de plus en plus courts, passages fréquents au chômage, système de formation professionnelle inadapté. 17% des jeunes de 15 à 29 ans sont déscolarisés, sans emploi, sans formation. On voit aussi de graves handicaps apparaître : la modernisation du capital des entreprises est très en retard sur les autres pays ; les compétences, en moyenne, de la population active sont faibles ; le niveau en maths des jeunes est très faible. La compétitivité-coût des entreprises est dégradée par rapport à celle de pays ayant le même niveau de gamme, et ceci est aggravé par une pression fiscale très élevée, nécessaire pour financer la protection sociale généreuse.
On peut alors avoir une vue optimiste et une vue pessimiste.
La vue optimiste est que les handicaps structurels de la France vont être corrigés : réforme du système éducatif, dynamisme du monde des start-ups, suppression des blocages (réglementaires, fiscaux…), et que ceci permettra de maintenir le bien-être de la majorité de la population.
La vue pessimiste est que les problèmes structurels vus plus haut seront très longs à corriger, et qu’en conséquence la faible croissance et la dégradation des finances publiques obligeront à rendre moins généreux le système de protection sociale.
Contributions
Les richesses de la France_Patrick Artus