Faut-il s’attendre à une nouvelle crise financière?

Oui, mais quand ? Telle est la question fondamentale compte tenu de la destruction de richesses qu’a engendrée la Grande Crise de 2008-2009. La contribution de la finance à la croissance et donc à celle la prospérité est remise en cause dans les pays avancés où les encours d’actifs financiers sont un multiple des PIB. La fréquence et l’amplitude accrues des crises au cours des trois dernières décennies conduisent à s’interroger sur la capacité des régulateurs et superviseurs, non pas à les supprimer, mais à les circonscrire et éviter les processus de contagion (dont ceux vers les pays moins avancés). En effet, certaines sources d’inquiétude demeurent quant à la stabilité financière: l’encours des actifs financiers ne cesse de croître, les dettes (publiques + privées) aussi ; les politiques monétaires d’assouplissement quantitatif et de taux d’intérêt durablement bas ont probablement conduit à une allocation sous-optimale du capital et à des bulles sur certains marchés financiers. Les bilans de certaines banques européennes et asiatiques contiennent encore trop de créances douteuses. Les taux de défaut augmentent tant aux USA qu’en Asie. Tout un pan de l’activité financière non-intermédiée (« shadow banking ») reste moins régulé que le secteur bancaire et différents types d’acteurs présentent un risque systémique (banques, assureurs, gérants d’actifs et chambres de compensation). Enfin, trois aspects de la régulation conduisent à s’interroger sur son efficacité : sa complexité, son instabilité et une coopération transatlantique affaiblie. Quels sont les principaux facteurs de risques persistants : le processus de concentration des acteurs, l’interconnexion de ces derniers, l’accumulation des dettes, la sortie des politiques monétaires ultra accommodantes avec une remontée des taux d’intérêt ? Sera-t-il alors possible de continuer à associer finance et prospérité …pour tous ?