Engagement politique de la jeunesse : la métamorphose

Résumé de la Session étudiante 2

Autour de Vincent Lemerre, journaliste à France Culture, de Philippe Germa, directeur général de WWF France et d’André Cartapanis du Cercle des Économistes, les étudiants reviennent sur l’importance des aspirations politiques de la jeunesse dans notre manière de penser l’avenir.

La mobilisation politique n’est pas morte. Lucie Zanello, étudiante à l’ENS et future employée au Sénat en est persuadé. Il est de bon ton de dire que la mobilisation politique chez les jeunes générations a dramatiquement chûté. On assiste plutôt, selon elle, à une transformation qu’à une lente agonie. Le règne du parti comme forme politique dominante n’est plus. Seulement 2% des jeunes de 20-25 ans sont membres d’un parti politique. À l’inverse, l’engagement associatif connaît une croissance sans précédent depuis quelques années. Investir l’avenir plutôt que de simplement investir pour l’avenir, tel est l’enjeu de ces nouvelles formes de mobilisation, plus particulièrement dans une période que tous considèrent comme décisive.

Les dangers du néolibéralisme. Loïc Wojda, étudiant à Science Agro à Bordeaux a immédiatement identifié celui qu’il juge comme le responsable de cette déroute actuelle du débat politique. Le désintérêt général est la conséquence de la dissolution de la politique dans le néolibéralisme. Ce dernier fragilise incontestablement notre idéal politique d’échange sur l’agora. Le libéralisme repose d’abord sur sur un savoir prétendu certain, celui des lois du marché. À quoi bon un espace politique de débat s’il n’y a forcément qu’un chemin à suivre. On assiste impuissant à un transfert du pouvoir du politique vers l’économique, comme en témoigne la toute puissance récente des multinationales et leur tendance à contester le pouvoir des Etats. Comment réinvestir la politique si le pouvoir et les intérêts sont désormais ailleurs ?

« La politique est l’art de concilier le désirable et le possible ». Benjamin Boustin, étudiant à Sciences Po Paris introduit son propos par la phrase célèbre d’Aristide Briand. Son plaidoyer politique regrette la disparition progressive du débat public sur l’agora. L’idée de participation chère à De Gaulle et la défense des causes collectives doivent inviter les citoyens à coproduire leur destin politique. Il est de la responsabilité du monde politique d’imaginer un autre modèle durable. Le salut passerait donc pour Benjamin Boustin par le coopératisme, un régime social et politique plus juste dôté d’un fond d’investissement autonome.

Le salut par l’Europe. Antoine Sigwalt, étudiant a Paris I, est convaincu qu’investir l’avenir c’est avant tout investir dans l’Europe. Il imagine une Europe fédéré au niveau budgétaire, une Europe qui, suivant le concensus des économistes est basé sur un processus de redistribution entre les pays du Nord, dôté de larges excédents commerciaux et les pays du Sud dont le développement tarde à venir. Contrairement aux idées reçues, la zone euro n’a pas laissé place à la convergence mais à beaucoup de divergences. Si l’Europe est malade, c’est bien parce que les enjeux nationaux sont aujourd’hui trop importants. Chaque pays est dans l’obligation de prôner une européanisation exacerbée plutôt que de se préoccuper de son simple bonheur national.

On assiste à un désenchantement du monde et surtout des formes politiques traditionnelles. La question de l’écologie et du développement durable, l’objectif de réduire les emissions de gaz à effet de serres n’a pas encore été pleinement traitée. Philippe Germain, directeur général de WWF s’indigne : « Les industries investissent plus de 1000 milliards d’euros par an pour trouver des nouvelles sources d’énergies fossiles alors qu’il suffirait de 100 milliards par an pour réduire de manière effective l’émission de gaz à effet de serres ». Nos habitudes doivent être bouleversées et les mots de Marshall Mac Luhan prennent alors tous leur sens : « on ne peut pas regarder l’avenir dans le rétroviseur ».

Léonard Desbrières