Une nouvelle vague d’investissement public pour relancer la croissance.

Le terme de New Deal a une forte connotation dans l’histoire moderne mondiale, il fait automatiquement référence au programme de grands travaux décidé par Franklin Roosvelt en 1933 pour redynamiser l’emploi après le Krach boursier de 1929. La situation actuelle de crise financière est-elle comparable ? Peut-on alors utiliser à nouveau cette politique d’investissement public massif pour relancer croissance et emploi ?

Bertrand BADRE

L’investissement public est une constante liée à l’urbanisation gallopante du monde. On assiste jour après jour à la naissance de nouvelles villes, toujours plus peuplées et donc toujours plus demandeuses d’infrastructures. Les politiques publiques ont longtemps été considérées comme le poumon de la croissance des économies mais la situation catastrophique récente de l’Espagne et de la Grèce remettent en cause ce modèle. A tel point que de nombreuses voix s’élèvent pour s’interroger sur une possible bulle immobilière chinoise. Edgar Blanco, directeur de recherche au MIT et spécialiste de transport et logistique insiste sur la notion de densité de population pour justifier l’urgence d’une nouvelle vague d’investissement dans les infrastructures. L’exemple le plus concret reste en effet le problème majeur de la régulation du traffic routier.

Les banques et la finance mondiale doivent être les principaux acteurs de ce nouveau New Deal. C’est en tout cas l’avis de Christophe de Backer, de la Compagnie Financière Edmond de Rothschild, qui affirme que les banques d’affaires sont passées du simple rôle de conseiller sur la structure de financement à un rôle déterminant d’acteur. Il prône une redéfinition de la place du banquier dans l’économie réelle et la fin de ce qu’il appelle : « la financiarisation financière ». Bertrand Badré, directeur général des finances de la banque mondiale, se situe exactement dans la même perspective quand il exprime la nécessité d’établir des projets « banquables », c’est à dire la conversion de l’argent en projets réels.

Dans les pays en développement, une politique d’investissement public massif n’est pas une alternative, c’est une obligation. Le témoignage de Bassary Touré, représentant de la Banque Ouest-Africaine de développement, est le symbole de l’image prestigieuse que revêt encore la politique du New Deal. Sur le continent africain, celle-ci représente une formidable opportunité de donner un élan supplémentaire à la croissance avec pour objectif de passer d’une moyenne de 5% à une moyenne de 10% de croissance par an. Dans des sociétés où tout reste à faire, où l’obsolescence, et parfois même l’inexistance des infrastructures, est un frein à la croissance, on doit faire appel à une politique de grands travaux publics. Dans une population jeune dôté d’une démographie incroyable, il semblerait que le New Deal représente la vie.

Les nouvelles technologies : le cœur du nouveau New Deal mondial. Les infrastructures ne sont pas seulement des routes, des écoles, des hopitaux. À l’ère du numérique, les infrastructures publiques prennent de nouvelles formes. Elles sont d’abord commerciales avec la multiplication des projets de centres commerciaux en partenariat public/privé dont l’entreprise Klépierre est le symbole. Mais elles concernent surtout les nouvelles technologies qui sont fondamentales pour Michel Combes, président directeur général d’Alcatel-Lucent. Elles doivent être placées au cœur des projets économiques pour opérer une mutation digitale des politiques de New Deal. Il faut réagir pour rattraper le retard considérable pris par les économies européennes par rapport à l’Asie et aux Etats-Unis dans l’importance accordée aux nouvelles technologies dans les politiques publiques.

Léonard Desbrières.